Gena Rowlands : Une Légende du Cinéma Américain, Muse de John Cassavetes, Woody Allen et Jim Jarmusch
Une étoile du cinéma américain s’est éteinte. Gena Rowlands, actrice au parcours exceptionnel, est décédée mercredi à l’âge de 94 ans. Connue pour son jeu unique et son indépendance artistique, elle a marqué l’histoire du cinéma avec une soixantaine de rôles variés sous la direction de son mari, John Cassavetes, ainsi que d’autres grands réalisateurs comme Woody Allen et Jim Jarmusch.
Souffrant de la maladie d’Alzheimer depuis cinq ans, Rowlands est décédée paisiblement chez elle à Indian Wells, en Californie, selon des informations rapportées par TMZ.
Une Collaboration Inoubliable avec John Cassavetes
Gena Rowlands décrivait son mari, John Cassavetes, comme celui qui lui avait offert les « rôles les plus magnifiques qu’une actrice puisse espérer ». De la call-girl tourmentée de Faces (1968) à la femme au foyer au bord de la folie dans Une femme sous influence (1974), elle a incarné des personnages profondément humains et complexes, souvent inspirés par leur vie personnelle.
Le couple a partagé 35 ans de mariage, ponctués par des tournages souvent réalisés dans leur propre maison pour réduire les coûts. Leurs amis et collaborateurs fidèles, comme Peter Falk, Ben Gazzara, et Seymour Cassel, étaient régulièrement de la partie, tandis que Gena préparait des repas pour tous, dans une ambiance marquée par la convivialité et la passion pour le cinéma.
John Cassavetes a sublimé les talents de son épouse, exploitant des éléments de leur quotidien pour nourrir ses films. Gena Rowlands s’identifiait intensément à ses personnages, affirmant qu’elle trouvait en elle-même « un peu de chacun des autres ». Elle a refusé une seule fois un rôle que Cassavetes lui avait proposé : celui de Mabel dans Une Femme sous influence, initialement écrit pour le théâtre. Elle jugeait le rôle trop intense émotionnellement pour être joué tous les soirs. Cependant, Cassavetes a réécrit le rôle pour le cinéma, et Gena l’a magistralement interprété, remportant un Golden Globe de la meilleure actrice en 1975.
Une Carrière Marquée par une Admiration pour Bette Davis
Virginia Cathryn Rowlands, née le 19 juin 1930 à Cambria, dans le Wisconsin, était destinée à une vie conventionnelle, étant la fille d’un banquier et sénateur et d’une mère peintre. Pourtant, à 20 ans, fascinée par Bette Davis, elle abandonne ses études universitaires pour se consacrer au théâtre à New York. C’est là qu’elle rencontre John Cassavetes, qu’elle épouse en 1954, et qu’elle commence sa « vraie vie » d’actrice sur les planches, notamment dans Sept ans de réflexion de George Axelrod.
Sa passion pour le théâtre ne l’a jamais quittée. Deux ans plus tard, elle connaît un grand succès dans Au milieu de la nuit de Paddy Chayefsky. En 1958, après quelques apparitions dans des séries télévisées qui permettent à son mari de financer ses projets cinématographiques, Gena Rowlands se fait remarquer sur grand écran dans des films tels que L’Amour coûte cher de José Ferrer et Seuls sont les indomptés de David Miller, aux côtés de Kirk Douglas. Malgré ces succès, elle préfère retourner à New York plutôt que de s’installer à Hollywood.
Une Reconnaissance Tardive, mais Méritée
John Cassavetes a offert à Gena Rowlands des rôles marquants dans sept de ses films, dont Opening Night, pour lequel elle remporte l’Ours d’argent de la meilleure actrice au Festival de Berlin en 1978. Après la mort de Cassavetes en 1989, à l’âge de 59 ans, Gena continue sa carrière et tourne dans des films comme Une autre femme de Woody Allen, où elle est particulièrement demandée.
En 2012, Gena Rowlands se remarie avec l’homme d’affaires Robert Forrest. Trois ans plus tard, alors qu’elle s’est retirée de la scène, elle reçoit un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, une reconnaissance ultime de son immense contribution au cinéma.
Gena Rowlands reste une figure incontournable du cinéma indépendant, célébrée non seulement pour son talent, mais aussi pour sa capacité à incarner des personnages profondément humains, marquant ainsi l’histoire du septième art.